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Le Bénin, des initiatives originales et pertinentes
Le Bénin, berceau du vaudou, est un pays avec une culture très riche et extrêmement présente. D'une taille réduite, il ne possède pas d'industrie ni de richesses naturelles en dehors de l'agriculture. Dans ce cadre le tourisme représente une alternative très intéressante, mais se heurte à de nombreux problèmes organisationnels. A travers les différentes initiatives (dont un projet pharaonique du ministère du tourisme destiné à recevoir des milliers de touristes en bord de plage), quelques-unes nous ont paru correspondre aux préoccupations d'un tourisme solidaire et responsable.
Eco Bénin est une ONG créée par un groupe de jeunes Béninois diplômés en agronomie et sociologie. Elle est née du constat que le tourisme au Bénin manquait cruellement de conseils adaptés et surtout de communication et de retombées vers les populations locales. Ils n'accueillent pas directement les touristes, mais viennent en appui aux villages ou aux groupements sur des questions écologiques ou sociales. Leurs lieux d'action sont donc éparpillés au Bénin, et nous n'avons pu en voir que quelques-uns;
Leur site (très beau): www.ecobenin.africa-web.org
A Possotomé , les touristes arrivent déjà. Des hôtels sont là pour les accueillir, des restaurants pour les nourrir, mais il y a un gros manque d'accompagnement pour les activités. Les touristes ne savent pas véritablement où aller, dérangent les pratiques culturelles et religieuses ou se font guider par des enfants sans compétences ou connaissances.
L'idée d'Eco-Bénin était donc de former des éco-guides et de créer avec eux de petits circuits accessibles à tous et permettant de découvrir les attraits de la régions sans perturber le milieu. Une partie des fonds permettra d'alimenter une caisse pour des projets locaux. Le circuit « au fil de l'eau » a ainsi vu le jour, permettant d'aller avec des pêcheurs sur le lac Ahémé pour découvrir tous les types de pêche, les éléments s'y rapportant et pêcher soi-même. Au retour les touristes pourront cuisiner et déguster sur place le poisson pêché. Sur le même principe, « la route des artisans » permettra de découvrir les techniques locales. Un dernier circuit permettra de découvrir, à pied, les activités côtières jusqu'à l'observation d'une colonie de singes.
A Ganvié , le chantier est ambitieux.
Ganvié est le premier site touristique du Bénin: en pleine saison ce sont près de 200 touristes par jour qui viennent visiter la "Venise de l'Afrique", village sur pilotis auquel on accède en pirogue. Autant dire que c'est superbe...
Mais il y a un problème: tout le développement touristique du lieu s'est fait de manière inorganisée et surtout sans aucune consultation de la population locale, parmi les plus pauvres du pays car ils ne peuvent pas cultiver et le poisson se fait de plus en plus rare.
Le principe du tourisme à Ganvié, c'est d'emmener les touristes en bateau pour se balader dans le village, acheter quelques souvenir, prendre des photos et éventuellement jeter quelques stylos ou pièces de monnaie. Il n'y a aucune retombée pour les villageois, qui voient défiler des hordes de touristes dans des bateaux avec des appareils photo braqués dans toutes les directions. Pas de contact ni de dialogue, ce qui rend le climat un peu tendu. Pour nous, c'est la pire gestion touristique que nous ayons rencontrée jusqu'à maintenant. L'année dernière des villageois ont jeté des pierre et interdit la visite, mais ont cédé sous la pression du ministère du tourisme.
Nous nous sommes rendus là-bas avec Gauthier, le coordinateur d'Eco-Bénin qui cherche à agir pour trouver des solutions, notamment par son travail avec Christopher, le gérant de l'un des hôtels de Ganvié. Favoriser la rencontre entre touristes et locaux, reverser une partie des bénéfices aux villageois pour des projets précis comme la lutte contre les jacinthes d'eau qui envahissent les eaux font partie des objectifs. Mais les bâtons dans les roues sont nombreux, et le touriste compréhensif rare. Le travail est titanesque pour arriver à une certaine équité, mais mérite que l'on s'y atèle.
Double Sens est une jeune entreprise créée par deux français. L'idée est de répondre à une demande de touristes souhaitant voyager mais aussi aider avec leurs compétences propres dans le pays visité. L'initiative Double Sens est inspirée d'organismes anglo-saxons, notamment au Kenya ou en Tanzanie.
Le séjour doit durer un mois au minimum, sur lequel une semaine est consacrée au voyage et à la découverte, avec une vocation solidaire et équitable. Le reste est consacré au travail, à travers plusieurs micro-projets dans différentes régions du Bénin. Des partenariats ont été passés et pensés intelligemment pour que l'aide soit pertinente : animation dans un orphelinat, cours d'informatique, consulting pour les petites entreprises… Un gros effort est fait pour adapter la mission aux compétences des voyageurs et pour que la présence sur un projet soit continue.Le séjour permet un bel échange entre ces touristes particuliers et les locaux. Grâce à la formule, des cours d'informatique sont donnés chaque jour à Ouidah depuis plusieurs mois, par groupe de niveau. De même, l'animation d'un orphelinat, lors de notre passage, était assurée par Miguel qui se faisait un plaisir d'organiser des tournois de foot après avoir aménagé un terrain.
Lors des excursions, que nous avons pu essayer, l'accent est mis sur l'échange avec les locaux, le tourisme vert et les guides locaux. Bref, cette fois encore une démarche pertinente et convaincante,
Infos : www.doublesens.fr
La région de Possotomé est réputée pour son attrait touristique et sa source thermale de bienfaisance. Nous avons passé une semaine dans l'hôtel « village AHEME », au bord du lac portant le même nom. Créé par François Houessou, un béninois ayant fait ses études en France, ce projet de tourisme et développement date d'une vingtaine d'année et comporte trois pôles. Une ferme emploie une quarantaine de personnes et produit de nombreux animaux servant pour la restauration des clients de l'hôtel. Ce dernier emploie également quarante personnes et accueille principalement des séminaires et des touristes de passage. Le troisième pôle est un centre de nutrition qui accueille des enfants de la région atteints de malnutrition. L'idée est de développer ces trois pôles conjointement, essentiellement grâce à l'argent du tourisme, tout en étant
un moteur de développement pour la région. Nous avons donc, dans la joie et la bonne humeur, nettoyé les cages des agoutis (sorte de ragondin), déchargé quelques bennes de maïs, égrainé les épis. Nous sommes même allé au champ récolter le maïs dans une ambiance chantante.
En partenariat avec une association en France: l'ADRP, des voyages d'échange sont organisés chaque année entre des jeunes français et des jeunes béninois. Travaux agricoles, montage d'une comédie musicale et partage de la vie quotidienne permettent de boucher quelque peu le fossé Nord-Sud. De la même manière, des séjours pour adultes sont organisés lors de la cérémonie « Awilé », la cérémonie traditionnelle de paix et de réconciliation.
Un concept très intéressant d'intégration, et la palme du plus vieux projet de l'Agrotour.