Rubrique L'homme du jour
Alternative au tourisme de masse, Damien Kuhn et Pierre Bouteiller présentent leur " Agrotour " comme " une autre façon de visiter un pays ".
" Nous avons grandi et appris au contact de la nature depuis notre enfance ", précisent-ils. Leur jeunesse " verte " n'est pas le seul ciment de Damien Kuhn, le Mulhousien, et de Pierre Bouteiller, le Grenoblois. 21 ans chacun, " le commandant Cousteau, Nicolas Hulot, puis les reportages de la Cinquième nous ont fait rêver et nous ont menés vers les études de biologie. " Damien Kuhn (1) est sur les bancs nancéiens de l'ENSAIA (école nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires), Pierre Bouteiller fréquente ceux de l'INA P-G (institut national agronomique de Pans Grignon). Depuis deux ans qu'ils phosphorent sur le meilleur parti à tirer des ressources de la Terre, ils aimeraient marcher dessus plus qu'ils ne l'ont déjà fait, rendre une visite curieuse à la planète en montant un " Agrotour ". Pas un de ces voyages organisés dans le cadre d'une étude supplémentaire sur le développement durable. Un terme " un peu trop fourre-tout, qui fait un peu bien, mais qui a perdu de son sens ", selon les étudiants nettement plus intéressés par l'angle plus étroit de l'écotourisme. " Une forme de déplacement en accord avec la nature, les autochtones, et avec leur participation ", définit Damien Kuhn. Rien à voir avec les raids-aventure, les trekkings qui n'emprunteraient à l'écotourisme que le prétexte de la nature et de rencontres avec des populations authentiques pour asseoir leur business. Les deux agronomes n'en sont pas encore a monter leur agence de voyages pour conduire de petits groupes de touristes d'un autre genre dans des contrées reculées. Ils consacreront leur année de " césure ", une pause entre leur 2e et 3e année de formation, à l'observation et à la comparaison (a priori entre septembre 2005 et juillet 2006) des expériences écotouristiques ouvertes au Brésil, en Bolivie (où Damien a aidé à la construction d'une digue dans un village Chipayas), en Inde, en Birmanie, au Maroc, au Bénin puis en Tanzanie où des associations travaillent au développement de projets. Lorsque les 25.000 € du budget (qu'ils espèrent trouver) auront fondu, ils arracheront le dernier coupon de leur billet " tour du monde " pour rentrer et raconter. La matière accumulée fera l'objet d'un rapport, de conférences devant leurs écoles respectives, d'émissions de radio, de rencontres avec les élèves de classes primaires qui les auront suivis. Un site Web devrait y gagner aussi des informations et leur association. " Projet Agrotour " une banque de données et " de contacts aux quatre coins du monde " pour prolonger la route débroussaillée par Damien Kuhn et Pierre Bouteiller et apporter un grain de sable supplémentaire " dans le fossé nord-sud. "
Frédéric CLAUSSE
(1) Les deux étudiants ont encore peu de moyens et en cherchent pour boucler leur projet. Toutes les idées et propositions sont les bienvenues. Contact : damienkuhn@yahoo.fr
RENCONTRER, AIDER ET PROMOUVOIR L'ECOTOURISME
Ecotourisme : « Un voyage responsable dans les zones naturelles qui conserve le milieu et soutient le bien-être des populations locales »
Parmi les idées gravitant autour du développement durable, l'écotourisme est une idée récente. Il s'agit de l'adaptation de l'idée du commerce équitable au tourisme. Ses principes sont la protection de l'environnement et le respect des populations locales, par une répartition équitable des revenus au sein d'une communauté.
Pourquoi l'écotourisme ?
Premier secteur d'activité au monde, le tourisme affecte la vie de plusieurs millions d'habitants de la planète. Mais, s'il est source de profits, ceux-ci sont rarement répartis de manière équitable. Les populations de nombreuses destinations touristiques font aujourd'hui le bilan d'un développement qui n'a pas mis leurs intérêts et droits sur un pied d'égalité avec ceux des visiteurs. Les modes de vie disparaissent, des religions et traditions culturelles sont déracinées et les paysages naturels se dégradent.
Des communautés, ainsi que des ONG et associations, ont construit un modèle de tourisme basé sur une répartition équitable des ressources, c'est-à-dire qu'une partie des revenus est redistribuée dans la communauté pour financer des projets collectifs (salle commune, travaux d'aménagement) ou sociaux (distribution de nourriture, accueil, formation). C'est aujourd'hui une nécessité, autant pour le développement des pays du Sud que pour la conservation des espaces naturels grignotés par l'humanité.
Qu'est-ce que l'Agrotour ?
L'association Agrotour a été créée cette année par Pierre Bouteiller et Damien Kuhn, respectivement étudiants à L'Institut National Agronomique de Paris Grignon (INA P-G) et à l'Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie et des Industries Agroalimentaires de Nancy (ENSAIA). Le projet Agrotour aura lieu entre septembre 2005 et juillet 2006. Un an à la rencontre des acteurs de l'écotourisme pour étudier, comprendre et aider. Beaucoup d'associations ont répondu à leur demande, et ils ont pu établir le trajet suivant : Inde, Cambodge, Mexique, Brésil, Bénin et Maroc. A chaque étape ils étudieront un modèle d'écotourisme et aideront l'association sur des projets précis (film, étude, audit). Au retour en France, ils s'attacheront à promouvoir ce type de tourisme par la projection de leur film, des expositions et interventions auprès des partenaires. En partenariat avec l'association Echoway, un travail à long terme sera fait pour encourager les touristes à partir en écotourisme.
www.agrotour.org
Deux étudiants en agronomie partent pendant un an découvrir différents modèles d'écotourisme à travers le monde. Rencontre avec l'un des protagonistes.
Pierre Bouteiller, 21 ans, a le goût des voyages et des rencontres. Meylanais d'origine, il fait ses études à Paris à l'Institut National Agronomique de Paris Grignon (INA P-G). Pour sa seconde année, il a choisi de suivre un semestre de cours à l'université de Prague, en République tchèque, dans le cadre des échanges Erasmus. Mais il a déjà voyagé dans de nombreux pays : Québec, Etats-Unis, Groenland, Namibie et différents pays européens. Il pourra ajouter à sa liste l'an prochain six autres destinations grâce au projet AgroTour.
En effet, avant d'entreprendre sa troisième année, il a décidé de faire une coupure d'un an pour connaître concrètement diverses propositions touristiques alternatives, respectueuses des gens et de l'environnement. Cette expérience de terrain lui permettra de mieux choisir sa spécialité universitaire car il hésite encore et n'a pas de plan de carrière préétabli. Il vient de faire un stage dans une entreprise parisienne spécialisée dans le commerce équitable et est animé d'un vif intérêt pour les questions du déséquilibre entre pays riches et pauvres.
Avec un autre étudiant, Damien Kuhn, il a élaboré le projet d'AgroTour dont les objectifs principaux sont de promouvoir et d'aider l'écotourisme, et de témoigner de sa réalité diverse à travers le monde. Pour le mener à bien, ils ont sollicité plusieurs associations locales impliquées dans l'écotourisme. Peu à peu les destinations se sont précisées en fonction de leurs contacts.
Une aventure en six étapes dans trois continents
Première étape : l'Inde. Viendra ensuite le Cambodge. Fin décembre ils quitteront le continent asiatique pour l'Equateur et le Mexique. Après un bref retour en France début mai 2006, ils repartiront pour l'Afrique au Bénin et au Burkina Fasso. Pour chaque étape le principe est le même, celui de rencontrer les différents acteurs de l'écotourisme, petits et grands, lors d'un séjour d'un mois dans chaque pays. Ces visites prolongées leur permettront de réaliser une étude comparative des diverses structures d'écotourisme et d'en rendre compte sous la forme d'un film et d'un dossier. Sur place, ils apporteront une aide aux associations et ONG partenaires grâce à leur regard extérieur, leur compétence dans la réalisation de supports de communication, et leurs connaissances de réseaux associatifs permettant de mutualiser les ressources.
De nombreuses structures les ont aidés financièrement pour équilibrer leur budget. Ils vont notamment recevoir 500 € de la Mairie de Meylan (Visa pour l'aventure) et 1000 € du Conseil général (Bourse de l'aventure). Mais leur projet est également soutenu par le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable et le Ministère de la Jeunesse et des Sports.
Les derniers préparatifs sont consacrés au choix du matériel audiovisuel et à diverses questions non encore résolues. Le grand départ, c'est le 17 septembre ! Direction Bheemeshwari, un site indien « considéré comme un modèle en termes d'activités proposées et de gestion du patrimoine ».
Le retour est prévu fin juillet 2006. Ils créeront un blog pour leur carnet de voyage et si vous voulez en savoir plus, vous pouvez dès à présent naviguer sur leur site www.agrotour.org
L'écotourisme : « un grain de sable dans le fossé Nord-Sud »
Le terme est encore peu connu du grand public, mais il commence à être employé fréquemment dans le milieu touristique. C'est une idée récente, reprise du commerce équitable et appliquée au tourisme. Ses principes sont la protection de l'environnement, le respect des populations locales, et une redistribution équitable des bénéfices socioéconomiques aux communautés.
La définition la plus couramment utilisée est celle de « The Ecotourism Society » : « Un voyage responsable dans les zones naturelles qui conserve le milieu et soutient le bien-être des populations locales ».
Le terme est victime de son succès car il est parfois utilisé à tord pour certains raids-aventure ou trekkings qui, sous couvert de découvertes « authentiques » du milieu naturel et des populations locales, sont en fait des opérations très juteuses pour les organisateurs, sans réel développement local ni redistribution équitable.
Les deux étudiants apportent leur regard personnel sur l'expression : « C'est une forme de déplacement en accord avec la nature, les autochtones, et avec leur participation. L'écotourisme est une façon de poser un grain de sable dans le fossé Nord-Sud ». Minoritaire aujourd'hui, cette forme de tourisme est-elle appelée à se développer, tout comme le commerce équitable ? C'est ce qu'espèrent nos deux globe-trotters.
Un Agrotour du monde en 365 jours |
La 7e Bourse Gérard-Fénéon sera remise le mois prochain à Metz à Damien Kuhn et Pierre Bouteiller, deux étudiants en agronomie qui vont effectuer, durant un an, un tour du monde en six étapes afin de mesurer la réalité de l'écotourisme. |
|
M. B. |
>> BOURSE GÉRARD-FÉNÉON |
|
La grande aventure de l'Agrotour du monde |
|
La 7e Bourse Gérard-Fénéon permettra à deux étudiants en agronomie de se lancer dans un tour du monde en six étapes, pour mener une étude sur différentes formes d'écotourisme. |
|
Son portrait veille aujourd'hui sur la salle qui porte son nom, au Club de la Presse de Metz. Décédé tragiquement en novembre 1996 en Libye, où il effectuait un reportage pour Le Républicain Lorrain, Gérard Fénéon demeure présent dans la mémoire de tous ses collègues et amis qui côtoyèrent cet amoureux des grands espaces. Et il n'aurait sans doute pas été mécontent de voir les fidèles qui perpétuent désormais son souvenir, remettre un chèque de 6 500 Eur à Damien Kuhn et Pierre Bouteiller, deux étudiants en agronomie qui lèveront bientôt l'ancre pour un tour du monde qui durera onze mois. |